L’interview de Juluan Le Corre (arbitre officiel de l’ES Veauche)

N66- Jeudi 21 avril  2022 – L’interview de Juluan Le Corre. 

Lyonnais de naissance, mais breton d’adoption de cœur. Juluan Le Corre 24 ans est arbitre depuis 11 ans. Il est revenu dans la région pour le travail et vient d’intégrer le club veauchois.

Juluan a pratiqué le football pendant dix ans. Aujourd’hui il arbitre au niveau régional et national. Rencontre avec le nouvel arbitre de l’ES Veauche…

1) Bonjour Juluan, pouvez-vous nous dresser une présentation personnelle ?
« Bonjour, Yohan, et bonjour aux supporters de l’ESV. Avant toute chose, merci de m’accueillir dans cette grande famille ! Toute ma famille est bretonne et c’est logiquement là-bas que j’ai grandi, mon cœur est donc breton ! J’ai un peu vadrouillé avant d’arriver ici, puisqu’après un sport étude arbitrage réalisée à Rennes, je suis parti à l’autre bout de la Bretagne réaliser un DUT. Puis, j’ai traversé la France pour intégrer mon école d’ingénieur, à Toulon. J’ai réalisé une dernière année d’étude en management avant d’atterrir à Saint-Étienne où je travaille maintenant en tant que responsable process dans une chocolaterie. »

2) Pouvez-vous parler de votre expérience personnelle. A quel niveau exercez vous ?
« Après avoir joué un an au FC Lyon, j’ai joué au football en Bretagne, c’est là-bas que j’ai fait mes premières armes dans le district des Côtes-d’Armor avant de prendre le sifflet pour la première fois dans ma quatorzième année. J’ai dû attendre 6 mois après le passage de mon examen d’arbitre pour pouvoir arbitrer, car j’étais… Trop jeune ! C’est donc une passion qui m’habite depuis un certain temps.

Grâce au sport étude arbitrage réalisée à Rennes, j’ai eu la chance de devenir Jeune Arbitre fédéral, ce qui me donnait l’opportunité d’arbitrer les U19 nationaux sur l’ensemble du territoire, mes plus beaux souvenirs resteront des matchs comme Lens Lille, OL AJA, ou encore l’équipe de France U17 contre la Belgique ! Aujourd’hui je me suis spécialisé en tant qu’arbitre assistant, et j’évolue la plupart du temps en N3/R1. »

3) Comment considérez vous le rôle de l’arbitre ? Que ressentez vous sur le terrain ?
« Je pense que beaucoup trop de monde (joueurs, Entraîneurs, spectateurs…) voit l’arbitre comme un ennemi, à tort ! Au contraire, nous sommes également sur les terrains pour prendre du plaisir, et faciliter le jeu. Alors forcément dans un sens ça plaira plus que dans l’autre.. Mais il ne faut pas oublier que l’arbitrage est pour nous une passion, comme pour un joueur s’apprêtant à disputer un match. Le même sport nous réunit, c’est simplement l’angle d’approche qui évolue…

Avant de rentrer sur le terrain, dans le tunnel, je fais le vide dans ma tête, et je veux simplement profiter du moment présent. J’ai toujours les mêmes frissons lorsque je rentre sur une pelouse, et alors quand il y a de l’ ambiance dans le stade, la motivation n’est que décuplée ! J’essaie de beaucoup parler avec les joueurs, comme je l’ai dit, on a la même passion : le football. C’est important de ne pas perdre de vue que les deux équipes sont là pour gagner, moi pour faire en sorte que ce soit un beau moment de football, dans le respect des lois du jeu. »

4) Pourquoi avez-vous décidé de devenir arbitre il y a 11 ans ?
« Je suis devenu arbitre lorsque j’avais 14 ans, j’étais considéré comme « très jeune arbitre ». En théorie on ne pouvait devenir arbitre qu’à 15 ans à ce moment-là ! Je jouais avec mes coéquipiers et lors des tournois j’arbitrais. C’est un membre du bureau de mon premier club breton qui avait parlé de cette possibilité à mon père et à moi lors d’un tournoi de foot en salle que j’ai arbitré. J’ai eu envie de découvrir plus en détail cette fonction. Puis c’était l’occasion d’arbitrer un niveau plus haut que je n’aurai jamais atteint en tant que footballeur. »

5) Sur les terrains de Ligue 1, nous voyons que les joueurs respectent de moins en moins le rôle de l’arbitre et l’état d’esprit devient pesant ! Le foot amateur vit sensiblement la même chose, vous arrivez à le constater personnellement ?
« Malheureusement la période que nous traversons est terrible pour l’arbitrage. Je tiens à adresser mon soutien à tous les collègues agressés, verbalement ou pire physiquement. Je pensais qu’après la pause due au covid, le retour autour des terrains serait une fête, bien au contraire. Certains supporters ou encore joueurs sont revenus avec une image de l’arbitrage encore plus détériorée. Les insultes ou coups à arbitres sont en train de se banaliser, c’est un constat terrible. Sans arbitre il n’y a pas de football malheureusement, et cela ne peut pas continuer ainsi. Il appartient à tous de se ressaisir. Je me répète, mais l’arbitrage est une passion, et ma passion n’est pas d’aller me faire insulter tous les week-ends ni d’aller risquer de finir à l’hôpital pour coups et blessures. Ma passion c’est d’être sur le terrain, à faire ce qui me plaît. »

6) Pour terminer ! Si vous aviez été arbitre professionnel, vous auriez été quel arbitre ? Quel est votre exemple ou votre arbitre préféré ?
« Si j’avais été arbitre professionnel, je pense que je serai resté simple et moi-même. A échanger avec les joueurs sur les situations après le match, à froid. Pour comprendre leur point de vue, pour avancer. Je suis du genre à beaucoup parler sur un terrain, je pense que j’aurai continué, même si avec des stades aussi remplis que Geoffroy Guichard, cela avait été parfois compliqué de m’entendre !

Aujourd’hui on nous apprend à avoir notre propre personnalité, je ne peux pas dire que j’aurai voulu ressembler à tel ou tel arbitre, j’aurais aimé prendre un peu de chacun, dans le but de bonifier mon arbitrage. Il y a des icônes dans le monde de l’arbitrage, et des personnes qui n’ont pas été internationaux, mais qui m’ont tellement appris, notamment un de mes formateurs lors de mon sport étude. C’est un puits de science, qui connaît par cœur les lois du jeu, et avec une humilité à toute épreuve. Si je pouvais n’avoir ne serait-ce que 5% des connaissances de ce monsieur, Hervé Plassard, je serai heureux. »

Propos recueillis par Yohan Dépalle.